Peinture : La Nativité mystique, peinture à huile sur toile (108,5 × 74,9 cm), 1500-15001, Sandro Botticelli, London National Gallery.
Extraits d’un recueil de Poésie.
Avant-propos de l’auteur :
Ce recueil a vocation à utiliser le médium poétique comme un outil, un moyen, pour tenter d’effleurer l’essence de certaines réalités.
En ce sens, chaque étape de cette pérégrination est associée à une constellation de concepts, tirés à la fois de la mythologie, des sciences humaines et, dans une moindre mesure, des sciences naturelles ; à la manière des Romains des premiers siècles pour qui le partage entre textes « scientifiques » et « littéraires » n’avait pas lieu d’être. J’ai, à ce titre, pris soin d’indiquer au lecteur chacune de mes références en note de bas de page pour qu’il puisse, à sa guise, juger de la sagacité des analogies opérées.
Mon but est somme toute d’inoculer dans l’esprit du lecteur, par l’entremise de la prosodie, la nature même de la gradation propre à toute existence : celle du passage du néant à l’essence, de l’inconséquence à la consistance, du tourment à la contemplation.
Le triomphe de Silène[1]
Avachi sous le poids de mes péchés
Ma monture[2] rechigne à mon appel,
Malheur au cocher à l’allure éméchée,
Que les diaprures[3] de la chaire firent chavirer de la selle !
Vois l’aviron rosser ses flancs stériles,
Hélas révolu demeure le temps de notre idylle !
L’opacité de ma raison et de mes prunelles,
Font des caracoles au clair de lune un viol perpétuel.
Exilé de l’encolure je dévale un vallon périlleux,
Déplorant le souvenir du coït virginal,
Mors lacérées, sangles conjurant les cieux,
J’adjure notre union sous l’azur lacrymal[4]!
Malheur au marin à l’orée de l’âge mûr,
Qui se laissa égaré par le strass et les parures !
Le fruit de la rébellion
Quand les vents s’élèvent, déchaînés,
Et que les astres défèquent dans leur drap,
Que les regrets s’éveillent, enfiévrés,
Et que la fureur sature mes pas,
Quand la mélodie de l’oublie
M’enserre dans ses bras,
Et que l’étoile à contre cœur luit
Du rouge sang des vendettas,
La paix s’évapore dans les dédales
De souvenirs amers,
D’une enfance riant jaune.
L’écho d’un devenir avili
Dégringole à vive allure dans l’oblivion[5],
Tandis que la crinière du lion
Crie à la calvitie.
Ah ! c’est là le signe
Que Ré[6] convulse sous terre,
Fragmenté, enchainé
Dans la geôle d’un crépuscule éternel.
HAROLD GNAMIEN[7]
- Référence à la sculpture d’Aimé Jules Dalou du même nom. ↑
- « Ce que les rênes et le mors sont à un cheval indompté, l’intellect l’est à la volonté humaine », Schopenhauer,Le monde comme volonté et représentation. Avant lui, dans Phèdre, Platon assimilait l’âme à un char ailé conduit par un cocher ; ici l’image du cheval et de la barque, récurrente dans l’iconographie antique, sont adossées l’une à l’autre eu égard de leur fonction de locomotion. ↑
- Impermanence. ↑
- Qui a rapport aux larmes. ↑
- L’oubli, l’inconscience. ↑
- Rê (ou Râ) est un dieu solaire dans la mythologie égyptienne, créateur de l’univers. ↑
- https://www.instagram.com/haroldgnm/ ↑