Ce poème a été écrit en une seule nuit, l’une des plus sombres, au sens propre comme au sens figuré, pour l’auteur ainsi que pour son pays.
Le thème de ce poème a été inspiré par des sentiments d’idéalisme et d’utopie, luttant contre le pouvoir écrasant du temps et des forces de la nature, qui peuvent éteindre tout ce que l’on peut construire.
Pourtant, le fait est que, selon l’humble opinion de l’auteur, ce monde matérialiste, où tout peut disparaître en un instant, comme le sable dans la main, est une raison précise qui fait que le romantisme et l’idéalisme persistent dans les Arts.
Le Bâtisseur de Châteaux
Seul, le bâtisseur de châteaux
Se tient de nouveau sur la rive sablonneuse.
L’eau a lavé Ses pieds,
Mais Ses châteaux ne gardent que des souvenirs.
Elle adresse Son cri au ciel,
Enveloppé par les ténèbres de la nuit :
« Désormais, je ne serai plus soumise aux vagues,
Qui brisent si traîtreusement mes rêves. »
« Et que mes mains s’usent jusqu’à l’os,
Sur le granit froid et sombre. »
« Je sculpterai des pyramides dans la pierre –
Mon fossé de béton les préservera. »
« Mes murs ne trembleront plus,
Ils repousseront ta marée perfide. »
« Car je ne veux vivre sans crainte qu’avec ceux
Que j’aime d’un amour sincère ! »
En réponse, seul le vent
Apporte son jugement :
Le Bâtisseur,
J’ai détruit les colosses des anciens peuples.
Troie, où est-elle ? Tu ne la vois pas ?
Elle n’existe plus.
Le Bâtisseur,
Je suis indifférent à ta pierre,
À ton sable et à tes larmes, à ton peuple et à tes rêves, à ta croix et à ta prière, à ton appel et à ton cri désespéré, à ton sacrifice et à ton désir de résistance.
J’ai condamné un continent entier à l’oubli, sous les sables du Sahara.
Ton hybris, Bâtisseur…
C’est la providence,
Car pour moi tu n’es qu’un instant dans l’éternité –
Tu peux te construire un tombeau de titane,
Je l’ensevelirai tendrement sous la terre.
Le Bâtisseur,
Celle qui se tient seule au bord de la mer,
Écoute la vérité qui résonne dans ton cœur.
Je ne te veux aucun mal,
Mais ton caprice est condamné.
Ressens sur ta peau ma brise glacée.
Je suis le vent, je suis ton destin,
Je ne peux remplir que des voiles.
Où est ton navire ?
Où est ton moulin ?
Où sont tes aqueducs ?
Le Bâtisseur,
Tu construis ce qui ne promet que des tourments.
Le Bâtisseur…
Où est la terre ?
Où sont les semences ?
Celles
Que seul je peux disperser pour toi ?
Version originale :
Строитель замков одинокий
На берегу вновь песчаном стоит.
Омыла вода Её ноги,
Её замки лишь память хранит.
Обратит свой крик Она к небу,
Сокрытому в мраке ночи’:
«Отныне не буду подвластна Я во’лнам,
Что подло так рушат мечты».
«И пусть до кости сотру Я ладони,
О холодный и мрачный гранит».
«Из камня Я буду ваять пирамиды –
Мой ров из бетона их сохранит».
«Не дрогнут впредь Мои стены,
Отобьют твой подлейший прилив».
«Ведь жить Мне пристало без страхов лишь с теми,
кого так хочу Я любить»!
В ответ только ветер,
Несет приговоры:
Строитель,
Я древних народов разрушил Колоссы.
Где Троя? Не видишь?
Ведь нет её больше.
Строитель,
Мне безразличен твой камень,
песок и слеза, твой род и мечта, твой крест и мольба, твой зов и отчаянный рёв, твоя жертва и тяга к сопротивлению,
Я преда’л континент под песками Сахары забвению.
Твой гибрис, Строитель…
Таково проведение,
Ведь ты для меня лишь в эпохе мгновение –
Вольна ты себе хоть гроб из титана построить,
а я его нежно землёю накрою.
Строитель,
Та, что одна у моря стоит,
Прислушайся к правде, что в сердце стучит.
Я зла не желаю,
но обречен твой каприз
Почувствуй на теле холодный мой бриз.
Я – ветер, твоя я судьба,
Наполнить могу я лишь паруса.
Где твой корабль?
Где твой ветряк?
Где акведуки?
Строитель,
Ты строишь то, что пророчит лишь муки.
Строитель…
Где почва?
Где семена?
Те,
Что подвластен рассеять лишь я для Тебя?
Phil Shterental
Toile de P.Shterental, décembre 2024, Kyiv.
Réflexion personnelle sur ce tableau :
Ce tableau symbolise un parcours initiatique, où chaque étape se démarque par un feu qui éclaire le cortège sur son passage. Tantôt entourés de cratères, tantôt de collines, ces obstacles sont présents pour mettre à l’épreuve la volonté des voyageurs. Les étoiles, en ligne de fuite, se font lucioles lorsque l’obscurité devient trop opaque pour y percevoir un signe d’espoir. En arrière plan, enfin, libre à chacun de terminer ce voyage en descendant le versant droit, qui présente un chemin plus calme, ou de trouver les ressources en lui, afin de continuer cette exploration en rejoignant la dernière montagne.
Gaspard Rambel
Haïku écrit par le peintre, inspiré du même tableau.
Version originale :
Заря за горами
К свету летят мотыльки
Костра сдобрить пепел
Version traduite en français :
L’aube derrière les montagnes
Les papillons volent vers la lumière
Pour enrichir les cendres du feu